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LE BOURGET-DU-LAC

GEOGRAPHIE

Adossée au versant est de la montagne de l'Epine, dernier maillon de la chaîne du Jura, Le Bourget-du-Lac s'étale entre Bourdeau et La Motte-Servolex sur 2 200 ha, dont 925 de forêts, des rives du plus grand lac naturel de France qui porte son nom (230 m d'altitude) jusqu'au Mollard Noir culminant à 1 450 m.

La montagne et le lac.... Heureuse rencontre qui faisait dire à Balzac s'extasiant depuis Aix-les-Bains où il venait prendre les eaux, devant l'incomparable panorama : « II n'y a plus belle entente entre le ciel, l'eau, la montagne et la terre.»

C'est bien l'impression que ressent le visiteur lorsque, quittant l'avant-pays savoyard, il débouche sur la vallée par le tunnel autoroutier de l'Epine ou le tunnel du Chat après avoir quitté Yenne, l'antique Etanna : « Voici que le tunnel du Chat est franchi. Dieu ! que la vue est belle de la terrasse aérienne par laquelle il s'achève ! Le lac du Bourget est là devant vous, de nacre et de perle, eau diaphane où flottent les rougeurs vespérales des barres du Revard.» (D. Rops).

Là-bas, Chambéry capitale des ducs de Savoie, se serre entre Granier et Nivolet qui semblent s'écarter pour mieux laisser voir dans le lointain la chaîne des Belledonnes aux neiges éternelles.

Qu'il dévale les riants vergers de La Motte-Servolex (6 km) ou les coteaux plus austères de Bourdeau (3 km), ce même visiteur aura tôt fait de rejoindre ce lieu privilégié de vacances ou bien avant lui déjà les Romains avaient marqué une halte prolongée, imités plus tard par les comtes de Savoie.

On ne comptait que 160 feux et 1 463 habitants en 1561, du temps où la commune se nommait "Bourgetum", 1 340 en 1911, 1107 en 1936. A ce jour 3 500 Bourgetains peuplent Le Bourget.

ECONOMIE

Les ruisseaux qui descendent de la montagne de l'Epine et notamment le nant Varon, bien qu'ils soient parfois source d'ennuis par leurs débordements lorsqu'ils rejoignent la plaine, ont été aussi pendant des siècles source d'activité. Nos ancêtres avaient très vite saisi tout le parti qu'ils pouvaient tirer de cette force vive capable d'actionner, martinets, scies et autres pierres de moulins.

Il n'y a pas si longtemps de nom¬breux artisans faisaient ainsi tourner leurs machines avant l'avènement de l'électricité : menuisiers, charpentiers, fabricants de bateaux renommés, scieurs de long, meuniers dont il reste encore une importante installation à l'entrée du bourg édifiée au milieu du 18e siècle sur l'ancien domaine du prieuré.

Un peu plus en amont, à la Plaisse, une florissante fabrique de soierie appartenant à la famille Sadoux employait jusqu'à 50 personnes ; elle aussi s'était développée près du Varon en fin de siècle dernier. Elle utilisait le ver à soie, gros consommateur de mûriers, élevé dans l'avant-pays savoyard ; ce ver à soie que Sibylle de Bauge épouse d'Amédée V le Grand avait introduit en Savoie autour du châ¬teau de Thomas II

Après son repli sur Yenne, l'usine fut reprise en 1921 par le nouveau propriétaire des papeteries de La Roche pour la fabrication d'enveloppes, papiers à lettre et autres cahiers et registres de commerce. Cette production hélas fut de courte durée. Fermée pen¬dant une trentaine d'années, l'usine fut ré ouverte en 1966 par un fabricant de produits liés à l'industrie automobile et enfin rachetée, transformée, agrandie par Milton Bradley Hazbro géant mondial du jouet.

Mais on retiendra surtout les fabriques de papier qui se succédèrent sur la partie haute du Varon dès la fin du 16e siècle. En 1561, Sébastien Caproni, ancêtre d'une longue lignée de papetiers, installa un premier moulin à papier à La Serraz au pied de la cascade. Ses successeurs créèrent une seconde unité à La Roche Saint-Alban. Ils produisaient un papier de qualité pur chiffon filigrané, destiné principalement aux actes officiels de la maison de Savoie. En 1860, alors que la fabrique de La Roche avait été reprise par la famille Girod, le beau papier de La Roche était encore consommé par le gouvernement piémontais.

L'annexion de la Savoie à la France privait l'usine d'un important débouché et amenait les Girod à se cantonner dans la production de papiers d'emballage.

En 1921 M. Gilbert reprit l'entrepri¬se Les papeteries de La Serraz qui devinrent un peu plus tard Les papeteries de Savoie et y adjoignit la fabrication d'un papier couché destiné à l'édition, notamment à la célèbre revue d'avant-guerre L'Illustration

Le charpignat

II y a quelques décennies, la vigne couvrait le coteau de Charpignat patiemment gagné sur la forêt par nos lointains ancêtres comme en atteste encore la présence de « murgers » (murger : amoncellement de pierres trouvées dans les
champs à l'occasion des labours.) contre lesquels mûrissent les figuiers. Sol propice, climat tempéré, tout concourait à faire de ce cépage d'Allobrogie à l'appellation curieuse de « cacaboué », un vin fruité, léger et diurétique à nul autre pareil pour accompagner le poisson. « Vous trouverez vins plus mœlleux et plus fins sans doute, mais jamais vous ne trouverez plus de malice ».

Sa noblesse est authentique. Comtes et ducs de Savoie l'ont savouré sur place. Vingt-quatre « fosserées de vignes » (fosserée : ligne de labourage effectuée avec un fossoir, sorte de houe pour labourer les vignes) alignaient le lot des moines à Charpignat. Nul n'avait le droit de vendanger avant le prieur qui publiait les bans. Trois tonneaux soit vingt-deux barils de trente pots à titre de redevance, venaient se bonifier au cellier des jésuites au prieuré. Juste avant la Révolution, le curé du Bourget se plaignait à l'évêque de Grenoble que le fermier ne lui payait pas son dû. Pardi ! il vendait le charpignat ! Le fermier ne travaillait-il pas la vigne ?

Hélas de nos jours, le vignoble a pratiquement disparu ! Le coteau s'est peuplé de belles résidences secondaires qui dominent le lac sur les contreforts du Caton.

Juste retour des choses, quelques amateurs opiniâtres renouent avec la tradition. On plante à nouveau du « cacaboué », aussi bientôt pourrons-nous dire : « La route descend maintenant au flanc de la montagne à travers ces menus, mais précieux vignobles qui produisent les meilleurs crus de toute la Savoie : le charpignat au parfum de violette...». D. Rops.

HISTOIRE

Situé sur cette voie romaine qui conduisait de Lemencum à la capitale des Gaules, Lugdunum, Le Bourget-du-Lac a été de tout temps un lieu de passage obligé. Le temple érigé au col du Chat à la gloire de Mercure, dieu des commerçants et des voyageurs, ne témoignait-t-il pas d'un important trafic : commerçants, voyageurs, pèlerins ? En 1030, Odilon, abbé de Cluny fit construire un prieuré pour six religieux.

Plus tard, en 1248, Thomas II ordonna la construction du château dont les imposantes ruines actuellement en cours de restauration dominent les roselières du sud du lac. C'est là que naquit Amédée V dit le Grand, et que la Savoie y fut dirigée par des princes remar¬quables, Amédée VI le comte Vert, Amédée VII le comte Rouge...

C'est là aussi que se déroulèrent avec faste quelques grands moments de la cour de Savoie, lorsque par exemple, le comte Vert accueillit sa fiancée Bonne de Bourbon en 1355 et que 10 ans plus tard l'empereur Charles III y fut reçu en grande pompe.

Mais le départ d'Amédée VIII pour Ripaille, amenant l'abandon progressif de la résidence d'été créée par Thomas II, ainsi que le retrait des moines clunisiens à la fin du 16e siècle sonnèrent le déclin du Bourget qui retomba dans le calme d'un paisible village à vocation agricole et cela jusqu'au début du 20e siècle.

Le Bourget-du-Lac demeura donc très longtemps un modeste village de pêcheurs et de bûcherons, les uns regroupés près de l'embouchure de la Leysse, non loin du bourg, les autres vivant dans les hameaux aux noms évocateurs : Caton, Rafour, Ciseaux, Matassine, Garachons, Timonières, Serraz, Fourneau, Roche Saint-Alban, Cachouds, égrenés en lisière du bois, qui il y a bien des siècles, descendait jus-qu'au lac tout près de la cité lacustre de Charpignat aujourd'hui disparue.

C'est seulement vers les années 30 que les premiers touristes commencèrent à se risquer sur les rives du lac. A la même époque la création d'un camp d'aviation décidée en 1934 par le ministre de l'Air le Savoyard Pierre Cot, puis l'implantation d'une base aérienne militaire, donnèrent au Bourget un nouvel élan économique.
Les militaires partis en 1985, le site fut reconverti en pôle technologique, et accueillit les disciplines scientifiques de l'université de Savoie. L'un et l'autre sont actuellement en plein développement.

SITES RURAUX

L'implantation de villages alignés pour la plupart le long de la voie romaine, dont quelques traces subsistent au-dessus du Petit Caton, s'explique par la présence d'un point d'eau, chaque groupe de maison s'organisant autour d'une source dont l'exutoire draine autant de minuscules bassins versants témoins d'une terre morcelée et pentue, dure à travailler, et de faible rapport.

La plupart de ces sources sont aujourd'hui taries ou bien amoindries telles que la Frédoire, L'Aiguette, Le Truchin, ou les Essarts appelé aussi Merdasson, victimes du radoucissement climatique et surtout des volées de mines utilisées pour le percement des tunnels. Seul le nant Varon dont on dit qu'il vient par siphons, gouffres ou autres galeries du lointain massif de Chartreuse continue à étancher la soif de 3 500 Bourgetains, s'offrant au passage en spectacle dans la pittoresque cascade de La Serraz avant de rejoindre la Leysse descendue du massif des Bauges après un long détour par Chambéry.

Non loin des dernières maisons des hameaux, le bois tout proche incite à la promenade ; traversant d'abord une large bande de feuillus, lieu de rencontres automnales des affouagistes puis, une zone de sapins très denses, de nombreux sentiers nous amènent au faîte de la montagne du Chat.

Les sentiers du Signal, de Ladonchamp ou des Côtes feront découvrir aux randonneurs, outre une flore et une faune abondante, le curieux « golet de Lepere » qui s'enfonce jusqu'à 300 m dans le massif calcaire, les fontaines « des Côtes » et la « Rouge » placées comme exprès tout près du sommet, pour rafraîchir les lèvres sèches avant l'assaut final qui permet de déboucher sur le sentier GR 9, Jura-Chartreuse à quelque 1500 mètres d'altitude.

Là, que ce soit du relais de télévision, du Mollard Noir ou de la Dent du Chat, un spectacle inoubliable vous attend : d'un côté, l'avant-pays savoyard où serpente le Rhône avant de s'engouffrer dans la cluse de Pierre-Châtel ; de l'autre le mont Blanc qui bien au-delà du Revard et du massif des Bauges apparaît dans sa masse imposante de neige et de glace ; le lac enfin dont la profondeur maximale atteint 147 m, s'étale sur 18 km de long et 3 km de large.

D'origine glaciaire le plus grand lac naturel de France qui porta jusqu'au 15e siècle le nom de lac de Châtillon, est alimenté par deux modestes cours d'eau : la Leysse et le Sierroz et se déverse dans le Rhône par le canal de Savière.

S'il est aujourd'hui un lieu touristique renommé, le grand plan d'eau savoyard a été aussi depuis des temps très lointains un moyen de communication très prisé. Les Romains n'avaient-ils pas installé à Bourdeau un préfet des barques, chargé de surveiller la flottaison des bois coupés dans la verte Sapaudia et expédiés vers Massilia via le canal de Savière et le Rhône... Et le port du Bourget n'était-il pas le point de livraison du sel transporté par bateaux remontant le Rhône depuis les salines du Midi. L'actuel restaurant La Grange à sel est d'ailleurs installé dans un ancien dépôt de sel.

Ce n'est qu'à la fin du siècle dernier que l'attrait du lac se développe. Le Bourget sert de but de promenade aux riches curistes venus d'Aix-les-Bains en calèche pour déguster la petite friture et « le charpignat ».

Il n'y a pas si longtemps, les vieux Bourgetains évoquaient encore les fastes de l'époque où la reine Victoria et sa nombreuse suite fréquentaient l'Hôtel Savoy, aux fourneaux duquel s'affairait M. Ginet, ancien cuisinier de l'empereur Maximilien.

En 1910, un tramway relie Chambéry au Bourget déversant chaque semaine un flot de Chambériens venus déguster dans les petits restaurants les spécialités locales. A cette époque le tourisme s'implante sur la rive ouest du lac où commencent à se développer quelques hôtels que les patrons pêcheurs alimentent en poissons réputés : perches, lavarets ou rares ombles chevaliers

La commune ne connaîtra son véritable essor touristique qu'en 1936 avec l'avènement des congés payés. Essor que la municipalité renforcera, une décennie plus tard, avec la création d'un camping, d'une plage et d'un port. Mais l'eutrophisation faillit ruiner ses efforts.

Fort heureusement, d'importants travaux d'assainissement réalisés dans les années 1970 permirent au lac de retrouver la pureté de ses eaux qui ont la particularité de changer de couleur selon l'humeur des vents. Des vents aux noms bizarres que les anciens connaissent bien puisqu'ils leur permettent de prévoir le temps du lendemain : « farou, lombarde, sribe, martinière, charin, ou saint-sorlin », sans oublier la terrible « traverse » ou tout simplement la « bise noire ».

LE BOURG

Datée de 1618 une « Veùe du prieuré de Bourget en Chambéry » (dessin à la plume de Martellange) sur laquelle apparaît en arrière-plan près des rives du lac, le château de Thomas II, nous donne déjà un aperçu du bourg tel que nous le connaissons aujourd'hui. Au centre bien sûr, le prieuré et l'église attenante tiennent une place importante autour de laquelle semble s'organiser le village.

Quelques demeures d'inégales dimensions s'alignent le long d'une voie centrale. L'une d'elle flanquée d'une tour surmontée d'un toit pointu en forme de clocher pourrait être l'actuel château de Buttet.

Nulle trace de la « maison Blanchard » (place du Général-Buisson) ou de la « maison Finet » (place Général-Sevez) récemment démolies : mais il ne s'agit là que d'un dessin où l'auteur a pu donner libre cours à son imagination, mettant en évidence l'ordonnancement du village regroupé autour de l'église.

En effet la vie de tous les jours continue à se dérouler le long de la rue entre l'église et le château de Buttet, avec au centre la mairie-école de construction récente, témoignage d'une architecture de la fin du siècle dernier. Quelques belles demeures subsistent : la Roseraie, la cure, les maisons Sevez, Lathoud, Marterer. Des commerces l'animent, commerces d'alimentation notamment, cafés autour des places qui sont l'une des particularités du village.         

EDIFICES RELIGIEUX

L'église

Au centre du bourg, un peu en contrebas de la rue centrale, la façade de l'église paroissiale Saint-Laurent bien qu'elle soit percée d'une rosace apparaît si conventionnelle qu'elle ne permet guère d'imaginer les trésors qu'elle recèle.

Entrepris en 1887, les importants travaux de restauration qui ont conduit à implanter un nouveau clocher au nord du chœur lui ont fait perdre en effet, cette sorte d'invitation à la halte que lui conférait, à l'ouest de l'édifice, le lourd clocher-porche roman, sorte de tour carrée, percée à sa base d'une porte plein cintre surmontée d'un auvent.

Elle nous réserve pourtant d'étonnants témoignages de l'art médiéval qui lui ont valu en 1900 son classement au titre des Monuments historiques.

Une fois passé le banal porche d'entrée on est saisi par les proportions harmonieuses de l'édifice, résultat des importantes transformations intervenues depuis sa création par les moines clunisiens.

Longue de 38 m et composée d'une nef unique de cinq travées qui se prolonge par un chevet polygonal, l'église, dont le chœur s'appuie sur la crypte du 11e siècle, dédiée à Notre-Dame la Basse, elle-même construite sur un temple païen, date dans son ensemble du 13e siècle.

A cette époque on procède à la reprise des voûtes de la crypte, à l'élévation des murs de la nef et à l'édification du jubé.

Au milieu du 15e siècle le prieur Aynard de Luyrieux entreprend d'importants travaux que son neveu Oddon poursuit. La nef est voûtée, les chapelles latérales percées au nord, la façade élevée.

Enfin vers 1825 on démonte le jubé et les hauts reliefs sont plaqués sur le pourtour du chœur au-dessus du sou¬bassement de l'abside. La reprise de la façade, telle que nous la connaissons aujourd'hui n'interviendra qu'en 1887.

Il résulte de ces différentes restaurations un sentiment d'équilibre, un curieux mélange de puissance et de finesse.
Œuvre des de Luyrieux la voûte gothique, aux fines arcatures, s'élève à 12 m de hauteur. Elle prend appui sur les chapiteaux des lourdes colonnes romanes décorés de motifs allégoriques, là où, avant le rehaussement des murs, reposait la toiture à solives apparentes.

Des baies en forme de lancette à arc brisé disposées dans l'axe des petites fenêtres romanes aujourd'hui murées, dispensent un éclairage parcimonieux que les grandes verrières du chœur viennent heureusement renforcer. Hautes de 6,50 m et larges d'un mètre, ces verrières au nombre de cinq, également en forme de lancette, sont l'œuvre de l'artiste lyonnais G. Dufetre et datent de 1891. De part et d'autre du chœur deux d'entre elles, aux motifs décoratifs, encadrent la Vierge qu'entourent saint Pierre et saint Laurent, patron de la paroisse.

Ainsi nous apparaît l'intérieur de l'église. La première travée qui a été rajoutée à la nef initiale lors des travaux de 1887 et lui donne plus d'ampleur, supporte la tribune à laquelle on accède par une très belle porte monumentale. On remarquera la finesse des nervures des pieds droits. L'ogive prend appui sur des culs-de-lampe en forme d'ange soutenant le blason des Luyrieux « d'or au chevron de sable ».

Au milieu du linteau se détache sur le fond polychrome du tympan une Vierge assise du 15e siècle en pierre dure. Sur ses genoux, l'enfant Jésus tourne les pages d'un livre saint.

Quelques éléments également polychromes de l'ancien portail d'entrée, plaqués contre le mur du fond, ainsi que trois panneaux de la porte fixés dans le mur au pied de l'escalier qui monte à la tribune d'orgue, donnent une idée de ce que pouvait être la façade de l'église avant les transformations du siècle dernier.

Trois marches descendantes nous amènent au niveau de la nef. La curieuse dalle funéraire d'Oddon de Luyrieux dressée contre le mur sud nous rappelle, sur fond macabre, la date de la mort du premier restaurateur de l'église et du prieuré : 1482. (Hicjacet Frater Oddo....)

Peu après la petite porte en arc d'ogive qui donne sur la cour du cloître, quelques tablettes fichées dans le mur, vides hélas, supportaient il y a quelques années encore deux personnages en bois dont un saint Pierre en provenance des anciennes stalles du chœur, et une très belle Vierge à l'enfant taillée dans l'albâtre. Ces statues ont été volées, ainsi que le Christ de pitié du 15e siècle en bois polychrome placé dans la niche au centre de la chapelle.

Juste avant les escaliers qui montent au chœur, une porte à linteau droit récemment dégagée de l'enduit qui la recouvrait, a permis lors des travaux, de découvrir un sol en galets, et un autre en terre cuite, plus bas d'environ 60 cm par rapport au niveau actuel. La porte donne sur le cloître. Les moines l'empruntaient sans doute pour rejoindre le chœur.

Sur le côté nord de la nef les quatre chapelles latérales sont éclairées par des petites fenêtres en forme de lancette à plein cintre. La première chapelle où trône un très beau baptistère du 15e siècle de forme octogonale, taillé dans la pierre et récupéré il y a quelques années dans une cour de ferme où il faisait office d'abreuvoir, est dédiée à saint Antoine de Padoue dont la statue est logée dans une niche. On notera les deux petites verrières représentant l'une saint Antoine et l'autre Tobie obéissant à l'ange. Œuvres de J. Bessac, elles sont datées de 1893.

Dotée d'une curieuse voûte en « cul de four » la chapelle Saint-Laurent lui fait suite. La statue du patron de la paroisse tenant à la main le gril, instru¬ment de son supplice, en est le seul élément de décor.

Passé la troisième chapelle sans affectation particulière utilisée comme sortie latérale de la nef on arrive à la cha¬pelle de la Vierge, à la voûte gothique rehaussée au temps des transformations d'Aynard de Luyrieux. Elle faisait partie de l'église primitive.

Incrustés dans une grande baie vitrée en arc brisé, différents éléments des verrières du chœur, datant du 15e, forment un très bel ensemble et méritent une attention particulière : le panneau du haut représente saint Pierre et saint Paul sur fond damassé bleu. Le Christ sur sa croix, entouré de la Vierge et de saint Jean occupe le centre. En bas, se détache l'écusson armorié de Savoie, timbré d'un heaume à tête de lion ailé.

Un phylactère sorte de bordure couleur grisaille et jaune porte la devise « Laus deo patry » et l'écusson des Luyrieux « d'or au chevron de sable », écusson que l'on retrouve un peu partout dans l'église, que ce soit au centre des croisées d'ogive de la voûte ou aux retombées des arcatures.

Une statue de la Vierge ainsi qu'un bel autel en bois doré du 15e siècle retiennent le regard. Des ouvertures plein cintre en enfilade, permettent de com¬muniquer d'une chapelle à l'autre, formant ainsi une sorte de déambulatoire. Un bel autel de pierre, massif, occupe l'avant-chœur auquel on accède en gravissant trois marches. Un saint Laurent taillé dans le tilleul, œuvre de J. Ramel, fait office de lutrin.

Dans le mur de droite s'ouvre la fenêtre de l'oratoire d'où les comtes de Savoie pouvaient suivre les offices.
Vis-à-vis, une peinture murale de grande dimension, œuvre de Mme de Buttet, représente la Vierge, personnage central de la scène, sur un coussin de nuages. Dissimulé dans les stalles pla¬cées contre le mur nord de l'avant chœur, un petit

portillon nous permet d'accéder à la crypte par un escalier très raide qui s'enfonce sous l'abside. Dédiée à Notre-Dame la Basse, cette crypte reste, avec le baptistère de Lémenc, la crypte de la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne et la priorale d'Aimé, un des seuls témoignages de l'architecture des premiers âges romans en Savoie. Datée du 11e siècle elle a probablement été construite par les moines de Cluny sur les ruines d'un temple dédié à Mercure comme en attestent certains éléments de réemploi.

En forme d'hémicycle, elle se développe sous le chœur de l'église en trois nefs séparées par des colonnes massives (deux d'entre elles sont des couvercles de sarcophage), dépourvues de chapiteau, sur lesquelles repose la voûte romane. Cinq petites ouvertures aménagées dans les murs épais des fondations l'éclairent faiblement, ce qui ajoute au mystère des lieux. La nef centrale se termine par deux absidioles opposées. Celle du levant comporte deux niches latérales d'époque Renaissance.

La crypte était autrefois desservie par un deuxième escalier situé au sud de l'édifice qui a été obstrué au moment de la construction du chœur. On peut en observer l'amorce marquée par un pied de colonne fixé dans le mur à l'horizontale ainsi qu'une pierre portant une inscription latine :

MERCURO AUGUST SACRUM
TITUS TERENTIUS CATULLUS
V.S.L.M.

Titus Terentius Catullus a érigé cet autel à Mercure en accomplissement d'un vœu).

Il s'agit d'un ex-voto dédié à Mercure par un certain Terentius Catullus. De même un autel votif posé sur le sol de tuileau porte la mention :

LUCIUS CATIUS LUCANOS
MERCURO
V.VS.L.M.

Lucius Catius a érigé cet autel à Mercure comme il en avait fait le vœu).

Mais remontons dans l'église.

Derrière l'autel, posé à même le sol, une balustrade de bois Renaissance retient l'attention par son élégance. Elle couronnait autrefois le jubé qui séparait l'église Saint-Laurent réservée aux fidèles, de l'église des moines clunisiens dédiée à saint Maurice. Tournées dans le noyer, les balustres sont réparties en panneaux séparés par des pilastres ornés de fines sculptures représentant des anges portant les instruments de la passion.

Enfin voilà l'ancien jubé qui fait la renommée de l'église du Bourget. Taillé dans la pierre et attribué à l'école bour¬guignonne, c'est là un monument remarquable de l'art chrétien du 13e siècle. Il représente les scènes principales de la vie du Christ, de droite à gauche :

  • L'Annonciation - L'Annonce aux ber¬gers - L'Adoration des mages ;
  • L'Entrée à Jérusalem ;
  • La Pentecôte et l'incrédulité de Thomas ;
  • La Descente de croix - Les Saintes Femmes au tombeau - Le Repas d'Emmaùs ;
  • L'Ascension ;
  • L'Apparition du Christ ressuscité à Marie-Madeleine.

Hauts d'environ 80 cm, les personnages polychromes, loin de paraître figés dans leur masse de pierre, ne sont pas sans rappeler ceux d'Amiens ou de Notre-Dame de Paris. Il se dégage de leur attitude une certaine noblesse, et les visages reflètent une réelle sérénité.

Entre la scène de l'ascension et celle de l'apparition du Christ à Marie-Madeleine une porte conduit à la sacristie et au clocher qui a remplacé la tour de la sacristie lors des transformations de 1887. Il renferme 3 cloches qui égrènent les heures et rythment les grands moments de la commune. L'une d'elle datant du 15e a la forme allongée d'une poire. A la partie supérieure sur le pourtour, sont espacés trois groupes de lettres gothiques :

+ IHS
(Jésus hominum salvator)
XPVS
(Christus)
MA
(Maria)

Au-dessous, gravés dans le bronze figurent trois médaillons rectangulaires de dix centimètres de haut représentant une descente de croix, un personnage barbu et auréolé, peut-être saint Benoît enfin une Vierge mère.
Redescendant dans l'église on ne terminera pas la visite sans admirer le bénitier roman placé près de la porte qui donne sur la cour du cloître, et surtout, en sortant de l'édifice un autre bénitier, rectangulaire, dont les quatre côtés sont sculptés de colonnes à chapiteaux fleuris reliés par des arcades cintrées entre les¬quelles apparaissent des anges aux ailes déployées.

Au-dessus, fixé dans le mur ouest de l'église, apparaît une très belle pein¬ture de Raymond Balze (1894), Le Christ apaisant la tempête.

Le prieuré

C'est à la droite de l'église à laquelle il est étroitement lié, que vous trouverez le discret porche d'entrée remanié au début du siècle.

C'est en 1030 que fut fondé le monastère. A cette date, Odilon, abbé de Cluny au retour d'un pèlerinage en Italie aux sources de l'ordre des bénédictins s'arrête au Bourget, au hameau de la Maltacène, terrassé par une fièvre pernicieuse.

Miraculeusement guéri, il décide d'édifier un monastère sur un territoire que lui cède Humbert aux Blanches Mains, fondateur de la maison de Savoie.

« L'an 3 du règne de Rodolphe et 1030e de l'incarnation du Seigneur, le 11 des calendes de novembre et 5e de la lune qu'Humbert aux Blanches Mains fait en ces termes donation de l'église de Saint-Maurice, située au bourg de Maltacène ainsi que tous les biens que nous donnons actuel¬lement et donnerons à l'avenir en l'honneur de Dieu et de l'Eglise, des saints Pierre et Paul du monastère de Cluny que dirige le seigneur père Odilon. »

Le premier établissement a peut-être été construit en 1030 sur le coteau, au hameau de Maltacène (aujourd'hui Matassine) comme le précise la charte de donation. Mais l'authenticité de ce document est controversée de sorte que l'on ne saura jamais s'il fut d'abord édifié sur les hauteurs du Bourget puis transporté vers la fin du 12e siècle sur les rives de la Leysse.

Passée la porte massive qui s'ouvre sur la rue centrale du bourg, le visiteur découvre une petite cour fermée à l'est par des arcatures de molasse qui se pro-longent au sud dans la façade d'une belle maison que l'on suppose avoir été une dépendance agricole du prieuré.

Sur la gauche, la façade imposante au milieu de laquelle émerge la tour carrée qui fut la résidence des comtes de Savoie, constitue l'aile sud du monastère composé de trois corps de bâtiment fer¬més au nord par l'église paroissiale. L'une de ses façades extérieures est orientée au couchant vers la montagne du Chat, l'autre donne à l'est sur les jardins et la chaîne du Revard.

Pénétrons dans l'édifice par le petit couloir d'entrée qui conduit au cloître. A gauche une porte surmontée d'un baldaquin armorié donne accès au réfectoire des moines au superbe plafond en caisson ainsi qu'à la cuisine où trône la cheminée monumentale portant l'écusson de la famille de Luyrieux encore équipée de ses plaques et de son four à pain.

Grâce à l'œuvre restauratrice de deux de ses membres Aynard et Oddon successi-vement prieurs en 1433 et 1460 l'aménagement du prieuré est tel que nous le connaissons aujourd'hui. Par leurs soins, les deux édifices primitivement construits dans le style roman du 11e siècle seront en majeure partie reconstruits dans le style gothique flamboyant du 15e.

Aussi ne sera-t-on qu'à demi surpris, lorsque sortant du réfectoire et accédant à la cour du cloître après avoir laissé à droite l'escalier à vis qui conduit aux étages supérieurs et en particulier à la galerie des Montmayeur, de découvrir une colonnade romane primitive du 12e siècle aux arcades trilobées avec ses chapiteaux couronnés de rosés, de feuilles et de figures allégoriques qui repose sur un cloître ogival du 15e siècle.

Cette disposition anachronique résulte de l'œuvre d'Oddon de Luyrieux qui, poursuivant le plan de restauration de son oncle Aynard reconstruira l'ancien cloître dans le style gothique avec l'intention de doter le prieuré d'un cloître en forme de quadrilatère, qui ne fut jamais terminé hélas !

De ce projet, seuls restent incrustés dans les murs qui ferment les trois autres côtés de la cour, les culs de lampe ouvragés sur lesquels s'appuient les arcatures de molasse. Dans le prolongement de ce qui aurait pu être la galerie ouest, une porte en tiers-point donne accès à la nef de l'église entre les contreforts à deux niveaux, témoins du remaniement de l'édifice au 15e siècle.

Au fond du cloître à droite, un peu avant le porche qui donnait accès sur le chœur de l'église on remarque l'embra¬sure d'une porte gothique finement sculptée ; c'est l'entrée de la chapelle du prieuré dédiée à saint Claude.
Celle-ci largement ouverte sur les jardins grâce à une grande porte vitrée, communique par un petit escalier tournant avec l'oratoire disposé en tribune ouverte sur le chœur de l'église. De là les comtes pouvaient suivre la messe lorsqu'ils résidaient au prieuré.

Dans l'alignement de la chapelle Saint-Claude, deux pièces contiguës aux murs équipés de rayonnages : la premiè¬re était utilisée comme salle capitulaire. La seconde mérite qu'on s'y attarde. La voûte du plafond est en effet habillée de grands panneaux de cuir de Cordoue aux fines dorures, enserrés dans des croisillons d'acajou. C'était la bibliothèque des moines.

Tel est l'aménagement que nous a laissé Oddon de Luyrieux dont on retrouve un peu partout le blason. Malheureusement son œuvre ne fut jamais achevée et les prieurs qui lui suc¬cédèrent ne l'entretinrent pas.
Le dernier, Alexandre Mussatto nommé évêque d'Imola en 1572 par le pape Grégoire XIII laissa la place aux jésuites qui l'occupèrent jusqu'en 1773.

L'établissement passa ensuite aux mains des frères mineurs conventuels ou cordeliers de Chambéry.

Puis arriva la Révolution et son œuvre destructrice en 1793. Vendu, le prieuré passa entre les mains de diffé¬rents propriétaires peu enclins à la conservation de ce riche patrimoine his¬torique.

Lorsqu'il l'acheta en 1902 un notable chambérien M. Barut découvrit un rez-de-chaussée à usage de ferme. Il en entreprit aussitôt la restauration dans l'esprit des de Luyrieux. C'est à lui que l'on doit le classement en 1905, au titre des Monuments historiques, du cloître, de la galerie Montmayeur et de l'escalier à vis qui dessert la tour des comtes.
Curieusement cet homme éclairé à qui l'on doit l'étude Le Château-prieuré du Bourget-du-Lac éditée en 1911 termine ainsi son propos faisant allusion au clas-sement : «Un yankee quelconque ne pourra désormais s'offrir cette licencieuse fantaisie de démolir pour transporter au-delà des mers, ces beaux vestiges qui abritèrent jadis les glorieux ancêtres de la maison de Savoie».

Or, fait extraordinaire, c'est une riche américaine Lucy Tate mariée à un duc de Choiseul-Praslin qui en fit l'acquisition à la mort de Barut. La duchesse de Choiseul aménagea les lieux en une demeure confortable sans rien toucher à l'essentiel de sorte que l'ensemble architectural du monastère est resté dans l'état où il se trouvait lors du départ au 16e siècle par des moines de Cluny.

Elle fit même aménager le vieux potager des moines en un magnifique jardin à la française que la commune, propriétaire des lieux depuis 1952 vient de faire restaurer dans l'esprit néoclassique qui a présidé à sa création.

Les jardins du prieuré

« nous ne connaissons qu'une partie des biens, qui jusqu'à l'année 1120 étaient échus au monastère du Bourget, mais ils devaient suffire amplement aux besoins de sept religieux y compris le prieur et leur permettaient sans doute de pratiquer large-ment ce précepte de l'aumône dont Benoît a fait l'un des points essentiels de sa règle. Leur nourriture était des plus simples : des légumes et quelques poissons en formaient la base ordinaire. » (Burnier)

Des siècles durant, les jardins sur lesquels était édifié un moulin ne furent qu'un immense potager propre à subve¬nir aux besoins des moines d'autant qu'ils avaient en outre à secourir les nécessiteux de la commune et les pèle¬rins.

C'est seulement vers les années 1910 que la riche propriétaire du prieuré, duchesse de Choiseul ordonne la créa¬tion du parc que nous connaissons actuellement dans ses grandes lignes, indispensable et agréable complément de l'église et du prieuré.

« Au-delà des constructions où les armes des de Luyrieux figurent de toutes parts, s'étend à l'ombre du chevet de l'église, une esplanade s'ouvrant sur un jardin à la française avec jet d'eau, ifs curieusement taillés en forme de pièces d'échecs, terrasses, puis un bosquet dont les conifères se rappro¬chent de la Leysse et sans doute du terrain où le comte Vert en 1355 a donné son fameux tournoi à l'occasion de son mariage avec Bonne de Bourbon et où il parut sous la couleur qui lui est restée dans l'histoire ». (J. Lovie).

Un moment négligés, ces jardins qui viennent de retrouver leur bel ordonnancement agrémenté de tonnelles où grimpent les rosiers, invitent à la méditation : «Le soir tombe sur les jardins du prieuré. Un jardin minime mais qui paraît vaste, tout en longueur, planté d'essences rares dont les verts, les blonds, les bleus, les blancs jouent à merveille et se composent. Des bois taillés très hauts, très vieux, montent la garde autour d'une fontaine exquise. Par-dessus les arbres qui s'as-sombrissent, flamboie encore le couchant sur les escarpements calcaires du Revard et des Bauges, Et lentement du marais, s'élève un brouillard léger, discret comme une présence d'âmes, comme un souvenir lointain du passé...» (D. Rops).

EDIFICES CIVILS

Le château de Thomas II

Frère du comte régnant Amédée IV, Thomas II, lui-même comte de Flandres par son mariage avec Jeanne de Flandres, marquait une forte préférence lors de ses séjours d'été pour le lac du Bourget. Grand amateur de chasse et de pêche il s'était créé un rendez-vous de chasse au prieuré que les moines de Cluny venaient d'édifier.

Lorsqu'il voulut construire une demeure digne de son rang près de la Leysse, il dût demander l'autorisation à son frère, et la cession des terrains aux moines de Cluny.

« Le 10 août 1248, fête de la Saint-Laurent, Amédée IV signa en faveur de son frère Thomas la charte qui lui accordait le droit de bâtir un château sur les bords du lac, et un vivier de 70 pieds de terre, dans le ter¬ritoire concédé jadis aux moines, à la condi-tion que Thomas s'engageât pour lui et ses successeurs à payer chaque année à la Saint-Martin douze deniers de censé entre les mains du prieur du Bourget...». Il voulut en outre que le prieuré perçoive la dîme sur les poissons du vivier du château.

Situé à quelques centaines de mètres du bourg, celui-ci dresse ses imposantes ruines, principalement la tour nord, au-dessus des roselières qui bordent le sud du lac. Entourées d'un frère Thomas la charte qui lui accordait le droit de bâtir un château sur les bords du lac, et un vivier de 70 pieds de terre, dans le territoire concédé jadis aux moines, à la condition que Thomas s'engageât pour lui et ses successeurs à payer chaque année à la Saint-Martin douze deniers de censé entre les mains du prieur du Bourget...». Il voulut en outre que le prieuré perçoive la dîme sur les poissons du vivier du château.

Situé à quelques centaines de mètres du bourg, celui-ci dresse ses imposantes ruines, principalement la tour nord, au-dessus des roselières qui bordent le sud du lac. Entourées d'un fossé dont on peut encore voir les traces, les constructions se répartissent à l'inté¬rieur d'un quadrilatère de 40 m de côté. On y accédait par un pont levis. Les crapaudines sont toujours visibles en avant du portail d'entrée de construction récente. Le long du mur sud, subsistent les restes d'un bâtiment identifié comme étant les communs fortement remaniés au 19e siècle.

Quatre tours carrées se répartissent irrégulièrement sur le pourtour de l'enceinte, deux au nord, une à l'est et une au sud. Celles situées au nord flanquent les angles d'un grand corps de bâtiment en L qui date du 16' siècle, et dont la construction est nettement postérieure à celle des tours que l'on peut dater du 13e-14e siècle. Dans chacune d'elle, l'accès aux différents niveaux se fait par un escalier à vis pris dans l'épaisseur des murs, dont les assises sont en gros blocs calcaires qui se prolongent par un matériau plus friable, la molasse de couleur verte provenant des carrières toutes proches.

La tour sud-est a été longtemps représentée avec une couverture alors que les trois autres en étaient dépourvues. Il en subsiste deux étages comportant une cheminée à manteau droit qui présente un assemblage à crossettes, une porte en tiers-point et le départ d'un escalier à vis, une archère, des latrines indépendantes.

Les tours est et nord ont été malheureusement très endommagées par la végétation et les éléments qui en restent ne méritent pas que l'on s'y attarde.

La tour nord-ouest par contre est plus impressionnante avec ses trois fenêtres au-dessus du rez-de-chaussée, ses 18 mètres de haut, pour un carré au sol de 10 mètres. L'accès se fait par une porte en tiers point située au rez-de-chaussée qui communique avec une salle basse du corps de logis attenant, remanié en 1456 après l'incendie du château.

Un escalier à vis dessert les niveaux supérieurs. Un ensemble de cheminées monumentales occupe la quasi-totalité du mur sud, et de nombreux réduits et ouvertures sont aménagés dans l'épaisseur des murs.

Des recherches effectuées dans les comptes de châtellenie nous confirment que le château comportait encore une chapelle et une fontaine ; d'autres constructions (grange, moulin, four, fromagerie) dont il est difficile de savoir si elles se situaient à l'extérieur ou à l'intérieur de l'enceinte, sont encore mentionnées.

Les campagnes de fouilles à venir nous apporteront sans doute des éclaircissements sur les nombreux points à élucider. Construction originale de type unique pour toute la Savoie, le château du Bourget est un ensemble défensif de marais qui a succédé à la simple domus du 13e siècle. Il n'eut probablement jamais de vocation militaire.
Thomas II se maria deux fois : il épousa d'abord en 1236, la comtesse de Flandre, qui mourut en 1253 sans laisser de postérité. Thomas prit alors pour seconde femme Béatrix de Fiesque dont il eut quatre enfants.

Le second, Amédée, qui régna tren¬te-huit ans sous le nom d'Amédée V le Grand, naquit au Bourget le 4 septembre 1249. Amédée V passa au château les premières années de sa jeunesse. Il aima tout particulièrement cette demeure qui au fil des années fut agrandie, décorée, embellie par des artistes de renom : en 1292 Guillaume de l'Hôpital, sculpteur, puis en 1301, Giovanni Lombard! auteur des verrières des différentes chambres. Georges d'Acquila, illustre peintre italien disciple de Giotto travailla également au château, puis à Hautecombe ainsi qu'au château de Chambéry, lequel deviendra à la fin du 13e siècle le siège du gouvernement.

Mais nos princes n'abandonnèrent pas le Bourget pour autant. Ils continuèrent à l'habiter fréquemment et bien des événements s'y déroulèrent. Sybille de Bauge, notamment, femme d'Amédée V, introduisit le ver à soie en Savoie.
Bonne de Bourbon, fille de Pierre, duc de Bourbon et d'Isabelle de Valois, première princesse de sang royal de France à entrer dans la maison de Savoie arriva au Bourget en octobre 1355, peu après son mariage avec Amédée VI, le comte Vert.

Amédée VII, le comte Rouge, ne s'intéressera pas beaucoup au château du Bourget. Il n'en eut pas le temps. N'ayant régné que huit ans, il mourut à 31 ans. Marié en 1375, avec Bonne de Berry, il vint y passer sa lune de miel. Il fut le dernier comte de Savoie. Son fils Amédée VIII qui lui succéda fut en effet élevé au rang de duc par l'empereur Sigismond, du Saint Empire romain-ger¬manique, en 1416. A cette occasion, on organisa au château des fêtes et de somptueux banquets, en l'honneur de l'empereur.

Autre date importante, le 27 septembre 1427, lorsque la cour de Savoie reçut les ambassadeurs de Philippe Visconti, duc de Milan, venus demander pour lui, la main de la princesse Anne, fille aînée d'Amédée VIII. A cette occasion, on avait transporté de Chambéry au Bourget, quantité de lits et d'objets divers pour compléter l'ameublement du château. L'évêque de Lausanne avait confié son argenterie, Thonon le manteau en drap d'or dont se servaient, dans les grandes cérémonies, les chefs de la maison de Savoie.

Amédée VIII commanda des bassins de vermeil aux orfèvres de Chambéry et fit remettre à neuf les habits de velours et les capes de soie des dames de la cour, des écuyers, des pages et des hallebardiers. Quant aux ambassadeurs, ils furent réellement comblés. On leur donna en effet entre autres présents, deux grands bassins et trente-six coupes de vermeil admirablement ciselées.

Hélas après ces heures de gloire, le château fut peu à peu abandonné. La cour de Savoie prit définitivement pour résidence le château de Ripaille près de Thonon, après que le duc Louis eut inféodé la baronnie du Bourget à Jean de Seyssel. En 1456, le château ayant été presque entièrement détruit par un incendie, Anne de Chypre en confia la reconstruction à maître François Papin.

Après les de Seyssel, la famille de Nemours en prit possession en 1524 puis Berliet de Chiloup en 1589. Au début du 18e siècle, la demeure échut aux nobles De Buttet d'Entremont qui devinrent ainsi barons du Bourget.

Vendu en 1841 à des spéculateurs intéressés par la récupération des pierres ouvragées, il fut racheté en ruines par Louis De Buttet, mais les dégâts étaient trop importants pour envisager de le reconstruire. Seule la partie des communs à droite de l'entrée fut maintenue en état et utilisée comme hangar agricole.

La commune du Bourget en fit l'acquisition en 1979. Classé monument his¬torique en 1983, il fait actuellement l'objet d'une importante restauration, menée de pair avec une nouvelle campagne de fouilles.

Le château d'Entremont

D'une implantation discrète dans le centre du Bourget, cette maison forte, encore dite d'Entremont, avait à l'origine appartenu aux Jayet d'Entremont entre le 14e et le 15e siècle.

Elle fut ensuite acquise par la famille de Buttet, qui en est toujours propriétaire. Le bâtiment actuel a été remanié au 15e et au 16e siècle.

Le château de la Serraz

La Serraz est l'un des grands châteaux féodaux de notre actuel canton. La châtellenie de La Serraz était limitrophe de la baronnie de Montfort.

En 1322 la baronnie de La Serraz est érigée en faveur des Aymon d'Urtière. Le bâtiment est alors une maison forte, dont il subsiste des traces dans l'actuel bâtiment.

En 1363, Aymard de Seyssel, une des 19 branches de la plus grande famille noble après la maison de Savoie elle-même, acquiert le fief, le château, le mandement et la juridiction de La Serraz. Jusqu'au 16e siècle, les Seyssel sont coseigneurs de La Serraz avec les Briord et les Mondragon, propriétaires d'une partie des bâtiments. C'est par lettre patente du 13 juillet 1654 que la baronnie est érigée en marquisat. Sigismond de Seyssel, capitaine dans l'Escadron de Savoie devient le premier marquis de La Serraz.

Un siècle plus tard, en 1754, les Seyssel, qui ont par ailleurs Aix et Bourdeau notamment, qui auront un court temps Montfort, vendent La Serraz aux Salteur. C'est Jean-Baptiste Salteur, alors marquis de Samoëns, qui en fait l'acquisition. Ce n'est que 30 ans plus tard, en 1784, que son petit-fils Joseph-César Philibert deviendra marquis de La Serraz.

Entre-temps, de maison forte initiale, le bâtiment s'était transformé en château. Sous la Révolution, le donjon fut rasé et le château fut ensuite remanié au début du 19e siècle. Ses abords sont célèbres par la cascade qui alimenta longtemps les papeteries de La Serraz de la famille Caprony. On y trouve aussi un moulin.

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